Une pensée pour Youssef Chahine

L'immense réalisateur égyptien Youssef Chahine est dans le coma. En apprenant cette triste nouvelle j'ai tout de suite repensé à l'un de ses premiers films, et de mon point de vue, le plus beau : Bab Al Hadid (Littéralement La porte de fer, traduit en français par un inexpressif Gare centrale). Dans cette histoire "scandaleuse" (la sortie du film en 1958 suscitera de nombreux remous), Chahine raconte à travers l'amour impossible entre une belle vendeuse de limonades et un vendeur de journaux ambulant, handicapé et simplet, toutes les frustrations de la société égyptienne. Il dénonce tout en nuances la trouble fascination qu'exerce le sexe, les interdits qui étouffent la société égyptienne, le mépris auquel sont voués les déshérités, la violence du pouvoir politique, et j'en passe.
Bref, il résume, dans un espace clos mais foisonnant, le quotidien de ce petit peuple, ces miséreux ordinaires, aux prises avec un destin qui les dépasse. Le choix de la gare, ce lieu de passage, bruyant et désordonné, n'est évidemment pas fortuit : dans le vacarme, l'individu est obligé de crier pour se faire entendre et s'imposer mais plus que le message, c'est toute la révolte d'une vie sans espoir qui s'exprime...

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