
Si Driss, nous l’appelions Si Driss. Ni Monsieur Amor, ni Ammi. Si Driss, simplement. Tout en mettant dans ce Si un incroyable cocktail de respect, d’affection, de complicité, de souriante tendresse… Que sais-je encore ?
Si Driss… Je me délectais à l’avance de chacune de nos rencontres, rares mais si précieuses. Je - nous savions tous - qu’il tiendrait l’affiche et nous régalerait de ses mille et une histoires, que nous connaissions par cœur mais attendions pourtant avec une impatience de gamins.
A la réflexion, je crois que Si Driss a tenté de nous berner! Il ne se prenait jamais au sérieux, me dit-on. Oui, c’est vrai. Et pourtant, il n'y avait pas plus sérieux que lui. Sa jovialité et ses bons mots n'étaient là que pour donner le change. Et nous faire croire que tout ce qu'il avait entrepris était anodin! Comme si l'on pouvait mener à bien l'accouchement au forceps d’une école d’ingénieurs au lendemain d’une indépendance encore si peu affermie sans être sérieux! Ou faire avancer tant de projets culturels sans déployer des trésors de diplomatie! Ou encore que sa passion du jeu était aussi celle de l'argent lui dont le désintéressement était connu de tous.
A la réflexion encore, je crois que nous n'étions pas dupes. Nous savions que Si Driss a marqué de son empreinte l'histoire scientifique de notre pays. Nous savions aussi que derrière cette vivacité d'esprit se cachait une authentique et irrépressible modestie. Et que Si Driss possédait finalement la seule intelligence qui vaille : celle du coeur.
Paix à ton âme Si Driss!
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Paulo
Portugal